Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vol. in-8o, dont un bon juge a dit : « Outre que la partie technique est écrite avec une clarté, une simplicité qui la rendent accessible même aux yeux du monde, la partie historique abonde en détails curieux qu’on ne trouve pas ailleurs. Le style négligé, mais facile et naturel de l’auteur, ajoute à l’importance de ses observations et à l’intérêt de ses récits ce parfum de bonne foi qui transmet pour ainsi dire au lecteur l’impression fidèle du moment et des lieux. » (Loménie.)

Maintenant, pour terminer, quelques anecdotes qui peignent l’homme. Au moment du départ de l’île d’Elbe, Larrey se présenta à l’Empereur pour l’accompagner. Napoléon, en le remerciant cordialement, lui dit :

— Vous appartenez à l’armée, Monsieur Larrey, vous devez la suivre ; ce n’est pas sans regret que je me sépare de vous.

« Je dus obéir, écrivait Larrey plus tard, cependant, après le départ de mon illustre protecteur, sous le coup d’une tristesse profonde, j’avais formé le projet d’aller le rejoindre, lorsque j’appris son retour. »

Le sang-froid de Larrey, au milieu du tumulte et des périls d’une sanglante mêlée, étonnait les plus intrépides. À Eylau, sur le champ de bataille même et au plus fort du combat, il organisa une ambulance provisoire qui se vit tout à coup entourée par un corps d’armée russe. Quelques soldats, dans le premier effroi, tout blessés qu’ils sont, veulent fuir. Larrey, avec le calme qui ne l’abandonnait jamais, les arrête en disant : « Vous voulez fuir la mort, et, vous la rendrez inévitable ; attendez, on respectera votre malheur ; je jure, d’ailleurs, de mourir au milieu de vous. »