Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans notre langue, était un étranger ; qu’à ses yeux Napoléon et la Révolution étaient les grands ennemis sur lesquels il ne pouvait penser autrement qu’il faisait après la façon dont ils avaient traité et traitaient son pays, comme cette royauté à laquelle il s’était dévoué jusqu’à lui sacrifier ses affections les plus chères, son bonheur de père et d’époux. Pour être juste cependant, il faut dire que, dans l’explosion de ses plus violentes colères, de Maistre reste toujours digne et ne s’emporte pas à ces excès dont la presse anglaise donnait alors le scandale et qui trouvèrent trop d’écho peut-être dans la fameuse brochure : de Buonaparte et des Bourbons ! ce pamphlet terrible qui, suivant le mot de Louis XVIII, aurait valu toute une armée.

Les Lettres de J. Maistre sont précédées d’une Notice à laquelle on nous saura gré d’emprunter quelques détails biographiques. Qui pourrait être mieux renseigné que celui qui l’a écrite, le comte Rodolphe de Maistre, fils de l’illustre philosophe ? « Le comte Joseph-Marie de Maistre naquit à Chambéry, en 1754 ; son père, le comte François Xavier, était président du sénat et conservateur des apanages des princes… Le comte Joseph de Maistre était l’ainé de dix enfants…. Le trait principal de son enfance fut une soumission amoureuse pour ses parents. Présents ou absents, leur moindre désir était pour lui une loi imprescriptible. Lorsque l’heure de l’étude marquait la fin de la récréation, son père paraissait sur le pas de la porte du jardin sans dire un mot, et il se plaisait à voir tomber les jouets des mains de son fils, sans qu’il se permit même de lancer une dernière fois la boule ou le volant. Pendant tout le temps que le