Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/159

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poète A. Chénier, Malesherbes se dévoua avec le plus admirable zèle à la défense de l’auguste accusé à qui, en même temps, chaque jour, il apportait toutes les consolations de la plus tendre affection. L’arrêt fatal prononcé, il fut chargé de la douloureuse mission de l’apprendre au roi ; mais, arrivé en sa présence, il ne sut que tomber à ses pieds en fondant en larmes, et ce fut à Louis XVI de le consoler. Le lendemain, il revint à la barre de la Convention pour demander l’appel au peuple et le sursis ; mais les sanglots étouffaient sa voix et lui permirent à peine de se faire entendre. « La mort dans les vingt-quatre heures ! » Telle fut la sauvage réponse faite à cette si juste réclamation.

Détachons d’un écrit laissé par Malesherbes quelques passages des plus touchants et qui ne font pas moins d’honneur au roi qu’à son fidèle ministre, c’est plutôt ami qu’il faudrait dire. « Une fois que nous étions seuls, le prince me dit :

» J’ai une grande peine, de Sèze et Tronchet ne me doivent rien ; ils me donnent leur temps, leur travail, peut-être leur vie ; comment reconnaître un tel service ? Je n’ai plus rien, et quand je leur ferais un legs, on ne l’acquitterait pas.

» — Sire, leur conscience et la postérité se chargent de la récompense. Vous pouvez déjà leur en accorder une qui les comblera.

» — Laquelle ?

» — Embrassez-les.

» Le lendemain, il les pressa contre son cœur, et tous deux fondirent en larmes.

» ….. Ce fut moi qui, le premier, annonçai au roi le