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II

La facilité de l’enfant tenait du prodige, puisque, en outre des connaissances dont nous avons parlé, elle avait appris le grec, l’italien, l’espagnol et l’anglais qu’elle parlait, dès l’âge de onze à douze ans, comme sa langue maternelle, en traduisant les auteurs currente calamo. Elle dessinait aussi assez agréablement. Ce qui n’est pas moins admirable, c’est que, dès cette époque, elle eut l’idée de faire de ses talents une ressource pour le ménage, et qu’elle réussit. Sa mère ayant perdu le peu qui lui restait par une faillite, Élisa s’offrit à une amie de la famille pour être le professeur de ses filles, et le succès fut tel qu’il lui amena bientôt d’autres élèves. Une dame même lui proposa de la faire entrer comme professeur d’anglais, de français, etc., dans une grande pension de Cholet.

« Maman viendra-t-elle avec moi ? demanda la petite fille.

— Non, ce n’est pas possible.

— En ce cas, je refuse.

— Et pourquoi, je te prie ?

— C’est qu’avec maman je puis tout, sans elle rien. Éloignée de maman, je le sens, je n’y serais que le temps nécessaire pour mourir de chagrin ; et que deviendrait-elle alors sans moi qui suis son seul bonheur ? Elle n’aurait donc plus de consolation sur la terre ?

— Mais ta maman, petite, pourrait aller demeurer à Cholet et tu la verrais le jeudi et le dimanche.