Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/205

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» Excusez, Sire, la franchise d’un vieux soldat qui, toujours éloigné des intrigues, n’a connu que son métier et sa patrie. Il a cru que la même voix qui a blâmé les guerres d’Espagne et de Russie pouvait parler le langage de la vérité au meilleur des rois, au père de ses sujets. Je ne me dissimule pas qu’auprès de tout autre monarque ma démarche aurait été dangereuse ; je ne me dissimule pas non plus qu’elle pourra m’attirer la haine des courtisans ; mais si, en descendant dans la tombe, je puis, avec un de vos illustres aïeux, m’écrier : Tout est perdu fors d’honneur ! alors je mourrai content.

» MONCEY,        
» duc de Conégliano. »    

« Mais ce refus, dit M. Michaud, junior[1], ne put empêcher l’issue d’un procès que voulait, qu’exigeait une puissance supérieure à celle de Louis XVIII. Le duc de Conégiiano fut suspendu de ses fonctions de maréchal de France, et il expia pendant plusieurs mois à la prison de Ham sa noble résistance. Ce qui prouve que la volonté royale n’avait eu aucune part à la condamnation du malheureux Ney, c’est qu’aussitôt que le mouvement de réaction et d’orage fut passé, le roi se hâta de rendre toute sa faveur à Moncey, et qu’en 1823, il lui confia l’un des postes les plus importants de la guerre d’Espagne. » Dans cette campagne, où il eut à lutter contre Espoz et Mina, Moncey prouva que le doyen des maréchaux français n’avait rien perdu de sa vigueur.

  1. Biographie universelle.