Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/210

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témoin oculaire[1], le Roi descendit de son siége pour venir à la rencontre du cercueil ; tout le monde se leva. Le vieillard (Moncey) assis à gauche de l’autel, voulait se lever aussi, les forces lui manquèrent, il retomba sur son fauteuil. Un éclair d’émotion passa sur ce visage déjà marqué de l’empreinte de la mort, et de son regard éteint un instant ranimé, le vieillard semblait dire : J’ai assez vécu ! »

Quelques semaines après (20 avril 1842), le vieux guerrier, en effet, avait cessé de vivre, et, dit à ce sujet le capitaine Ambert : « Les premières impressions de son enfance ne s’étaient pas effacées, et le vieux maréchal de France se souvenait des principes que recevait jadis le fils de l’avocat au parlement de Besançon. Moncey était donc religieux ; mais de cette religion inséparable de la haute morale. Nous avons vu le prêtre administrer les derniers sacrements au vieux soldat, et ce spectacle était plein de grandeur et de majesté. »

« Un des vieux compagnons du maréchal Moncey était-il dans la peine, dit le même biographe ; une pauvre veuve de soldat, un orphelin avaient-ils besoin d’appui ; le duc de Conégliano s’empressait de tendre la main pour soulager l’infortune. Il ouvrait des écoles pour les enfants du laboureur, il relevait l’église du village, construisait des ponts pour le commerce ; et cependant sa fortune était médiocre, puisque son patrimoine n’allait pas à 10,000 fr. de revenu.

« Un peu inquiet par caractère et même difficile dans

  1. Notice historique sur le maréchal Moncey, par le capitaine Ambert, in-8o, 1842.