Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/220

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création récente et qui ne devait avoir qu’une existence éphémère. Lorsqu’éclata la Révolution, notre savant comme beaucoup d’autres, n’y vit au début que la promesse du plus heureux avenir. Il crut surtout, et en cela sans doute il ne se trompait point, voir tomber les barrières qui pour certaines carrières empêchaient toute émulation et souvent faisaient obstacle au vrai mérite non soutenu par la faveur et la naissance.

Après la journée du 10 août, nommé au ministère de la marine, Monge n’accepta le portefeuille qu’avec répugnance, déterminé seulement, d’après ce qu’il a dit lui-même, par la présence des Prussiens sur notre territoire. Dans ce poste élevé, il fit tout ce qu’il était possible humainement de faire pour empêcher la désorganisation de la flotte et arrêter l’émigration des officiers et ses efforts ne furent pas complètement inutiles. Néanmoins, au mois d’avril 1793, jugeant la situation trop difficile avec l’acharnement croissant des partis, il donna sa démission, deux fois refusée déjà, et acceptée enfin. Il aurait donc souhaité pouvoir se retirer plus tôt.

Pendant son court ministère, avaient eu lieu le jugement et la condamnation du roi Louis XVI par la Convention. Monge ne faisait point partie de l’Assemblée, mais comme ministre il dut, avec ses collègues, concourir à l’exécution du jugement, et sa participation, dans une certaine mesure, involontaire, à la funeste journée du 21 janvier, le poursuivit longtemps comme un souvenir pénible, presque comme un remords.

Sa démission acceptée, quoique étranger dès lors à la politique, Monge suivait avec une inquiète sollicitude la marche des événements, et « quand l’Europe entière