Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/221

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s’émeut et vient fondre sur la France » dit Pongerville, l’illustre savant fut prompt à répondre à l’appel de la patrie. En face de cette formidable coalition, un sublime enthousiasme exalte les jeunes générations ; de tous les points du sol accourent d’intrépides défenseurs ; quatorze armées, comptant près d’un million d’hommes, se lèvent pour repousser l’invasion. Néanmoins le gouvernement d’alors comprit que la lutte serait inégale si la science ne nous venait pas en aide. Six savants de premier ordre, physiciens, chimistes et mécaniciens furent appelés au Comité du salut public pour y travailler à la fabrication révolutionnaire, c’est-à-dire, rapide de tout ce qui manquait à nos défenseurs et d’abord des armes de toute espèce. « Il est difficile de se faire et de donner une idée de l’activité prodigieuse qui régnait alors dans les opérations intéressant le salut public ; il en est de même du patriotique dévouement, du noble désintéressement qui animaient les esprits. Monge dominait, entraînait tous ses collégues, par son exemple, par l’ascendant de son enthousiasme, par la vivacité de son caractère. Il n’avait de repos ni jour ni nuit ; ce qu’il a fait alors pour procurer du salpêtre, des armes à feu, des armes blanches, des pièces d’artillerie, de campagne et de siége, afin d’armer nos places fortes et nos vaisseaux des mortiers des obus, des boulets de tout calibre ; ce qu’il a fait, dis-je, aidé de ses collaborateurs, dépasse tout ce que pourrait se figurer l’imagination aujourd’hui dans ces temps de calme et de paix profonde.[1] »

  1. Souvenirs sur G. Monge et ses rapports avec Napoléon Ier par M. J. D.