Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/239

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Mais on peut se demander si ces progrès de l’industrie n’étaient pas aux dépens de l’agriculture et s’il faut se féliciter de ces agglomérations de populations qui délaissent, par l’appât du gain, le travail sain et fortifiant des champs, pour s’enfermer dans ces vastes usines où elles s’étiolent au physique comme au moral ! Il suffit d’avoir vu de près quelques-uns de nos grands centres manufacturiers, où les ouvriers des deux sexes sont le plus souvent confondus, pour savoir à quoi s’en tenir à cet égard. Mais à l’époque dont nous parlons, nul ne prévoyait ces lointaines conséquences, et Oberkampf, tout le premier, convaincu qu’il poursuivait un but utile, loin de s’étonner des contradictions, opposait à ses adversaires, comme un argument décisif, les résultats obtenus déjà. Un arrêt du conseil lui donnant gain de cause, fit tomber toutes oppositions. Ce puissant encouragement ne fit que surexciter l’activité d’Oberkampf qui envoya de tous côtés des agents pour recueillir les meilleurs procédés dans les grandes manufactures étrangères. Il sut enlever aux habitants de l’Inde et de la Perse le secret de leurs brillantes couleurs, mises en relief par les dessins plus élégants de nos habiles artistes. Le succès du grand industriel lui créa de nombreux imitateurs et au bout de quelques années on comptait en France plus de trois cents manufactures, où deux cent mille ouvriers trouvaient à s’occuper en gagnant un salaire relativement élevé et tel sans doute que le travail plus rude de la terre n’eût pu le donner ! Mais cependant pour la moralité et pour la santé des individus, combien celui-ci n’est-il pas préférable ! On n’en jugeait point ainsi à l’époque dont nous parlons, alors sur-