Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/249

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était plein de cailloux qui, par l’ardeur du feu « se crevèrent en plusieurs pièces, faisant plusieurs pets et tonnerres dans le dit four. Or, ainsi que les éclats sautaient, l’émail, qui était déjà liquifié et rendu en matière glueuse, prit les dits cailloux et se les attacha de par toutes les parties de mes vaisseaux et médailles, qui sans cela eussent été fort beaux. »

La fournée tout entière se trouvait perdue et ce résultat était d’autant plus désastreux que Bernard, pour cette nouvelle expérience, s’était derechef considérablement endetté et que ses créanciers « comptaient qu’ils seraient payés de l’argent qui proviendrait des pièces de la dite fournée, qui fut cause que plusieurs accoururent dès le matin quand je commençais à désenfourner. » Qu’on juge de leur désappointement qui n’eut d’égal que le découragement du pauvre Palissy ! « Je mis en pièces entièrement le total de la dite fournée et me couchai de mélancolie, car je n’avais plus de moyen de subvenir à ma famille et n’avais en ma maison que reproches : au lieu de me consoler, l’on me donnait des malédictions…. Quand j’eus demeuré quelque temps au lit et que j’eus considéré en moi-même qu’un homme qui serait tombé dans un fossé son devoir serait de tâcher à se relever, en cas pareil, je me mis à faire quelques peintures, et par plusieurs moyens je pris peine de recouvrer un peu d’argent. »

Il put ainsi de nouveau racheter des matières premières et le bois nécessaire à chauffer son fourneau. Mais cette fois ce fut un autre genre d’accident : « Car la véhémence de la flambe du feu avait porté quantité de cendres contre mes pièces, de sorte que, par tous les