Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/275

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prendre, et cette heure suffisant, s’il sait qu’il est donné, pour le faire révoquer ; il est contre la nature qu’il emploie cette heure-là, non à s’informer si cet arrêt est donné, mais à jouer et à se divertir. C’est l’état où se trouvent ces personnes[1], avec cette différence que les maux dont ils sont menacés sont bien autres que la simple perte de la vie et un supplice passager que ce prisonnier appréhenderait. Cependant ils courent sans souci dans le précipice, après avoir mis quelque chose devant leurs yeux pour s’empêcher de le voir et ils se moquent de ceux qui les en avertissent. » (Ch. 1er.)

Cela sans doute est remarquable, admirable, comme l’expression d’une vérité saisissante, formulée avec un rare bonheur ; mais ce passage, et quelques autres aussi frappants, doivent-ils nous faire nous exclamer « que ce sont là des pensées qui tiennent plus du Dieu que de l’homme. » Autant dire comme Madame Perrier : « que chez aucun peuple et dans aucun temps il n’a existé de plus grand génie que Pascal. » « Exagération risible, dit avec raison de Maistre, qui nuit à celui qui en est l’objet au lieu de l’élever dans l’opinion. »

Pascal (Blaise), né à Clermont le 19 janvier 1623, était fils d’Étienne Pascal, président de la cour des avocats et de Antoinette Begon. Il mourut à Paris, le 19 août 1662. D’après ce que Mme Perrier rapporte : « Lorsque M. le curé le bénit avec le saint ciboire, il dit : « Que Dieu ne m’abandonne jamais ! » Ce qui fut comme sa dernière parole. »

  1. Les Indifférents.