Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/300

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trouve des excès dans tout cela. Je me promettais bien que vous recevriez mon petit présent avec bienveillance, mais je n’en attendais rien davantage et ne prétendais pas que vous m’en eussiez de l’obligation. Il suffirait que vous me donnassiez place dans votre cabinet de peintures sans vouloir remplir ma bourse de pistoles, c’est une espèce de tyrannie que de me rendre tellement redevable envers vous que jamais je ne puisse m’acquitter. »

La modération de ses désirs assurait ainsi la pleine indépendance de son génie à l’artiste toujours assez riche, grâce à la simplicité de sa vie dont nous trouvons une preuve dans cette jolie anecdote racontée par Félibien : « M. Camille Massimi, qui depuis a été cardinal, étant allé lui rendre visite, il arriva que le plaisir de la conversation l’arrêta jusqu’à la nuit. Comme il voulut s’en aller et qu’il n’y avait que Le Poussin qui le conduisait avec la lumière à la main, M. Massimi, ayant peine à le voir lui rendre cet office, lui dit qu’il le plaignait de n’avoir pas seulement un valet pour le servir.

« Et moi, répartit Poussin, je vous plains bien davantage, monseigneur, de ce que vous en avez plusieurs. »

Voici, racontée par Bellori, une autre anecdote d’un genre différent, mais curieuse aussi : Un jour, il se promenait au milieu des ruines avec un étranger désireux d’emporter dans sa patrie quelque précieux fragment : — Je veux, lui dit Poussin, vous donner la plus belle antiquité que vous puissiez désirer.

Puis il ramassa dans l’herbe un peu de sable, des restes de ciment mêlés à de petits morceaux de porphyre