Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/306

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sin ne pouvait manquer de bien réussir dans ses entreprises… Comme un peintre savant, il ennoblissait, par la sublimité de ses pensées, les sujets les plus communs ; il les traitait avec beaucoup d’élégance ; un jugement solide accompagnait tout ce qu’il faisait. Excellent dessinateur, grand historien, grand poète, sage compositeur, ne mettant pas une seule figure qu’il n’en connût la nécessité, grand paysagiste, personne n’a mieux connu les différentes affections de l’âme et les divers effets de la nature… Son pinceau, libre et hardi dans sa touche, retranchait, ajoutait à son gré et même corrigeait l’antique. »

Ainsi s’exprime d’Argenville auquel ou ne peut qu’applaudir. Le maître n’est pas seulement admirable dans la composition savante, dans l’habile exécution, il réussit merveilleusement parfois dans les expressions, témoin le tableau de la Résurrection d’une jeune Fille par saint François-Xavier, qu’on admire dans le salon d’honneur, au Louvre, en regrettant qu’il soit placé si haut ; car il mériterait bien plus que telle ou telle toile, qui n’a de valeur que par l’exécution, de briller au premier rang. Quelle vérité et quel pathétique dans la scène rendue avec tant d’énergie malgré la sévère et sobre exécution ! Rien de trop, mais aussi rien de moins. Et l’on sent que la soudaineté de l’improvisation, que l’illumination du génie n’a pas plus manqué ici que la forte méditation qui, dans le recueillement de la solitude, la prépare. Que de grandeur et tout à la fois de sagesse et de simplicité ! Quel calme et quelle sublime confiance dans la figure du saint ! Quelle vivacité et quelle variété d’expressions sur les traits des assistants ! Que dire surtout de la