Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/333

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an. Tout occupé plus tard de poésie, il résigna son bénéfice, et ce qui fait honneur à la délicatesse de sa conscience, restitua toutes les sommes perçues par lui pendant neuf ans. Ses premières satires, déjà connues par de nombreuses copies, ne parurent imprimées que vers 1665, et l’on sait avec quel succès. Louis XIV fit au poète une pension de 2 000 livres, il voulut qu’il fût de l’Académie et le nomma comme Racine son historiographe. Boileau, dont la vieillesse fut affligée par de cruelles infirmités, supportées avec une résignation toute chrétienne, mourut à Auteuil, le 17 mars 1711.

Le satirique se félicitait, d’après ce que Louis Racine nous apprend, de la pureté de ses ouvrages. « C’est une grande consolation, disait-il, pour un poète qui va mourir de n’avoir jamais offensé les mœurs. »

Il était de bonne foi assurément quand il parlait ainsi ; à vrai dire cependant il est plus d’un vers soit dans les Satires, soit dans le Lutrin, que, sans pruderie, on voudrait pouvoir effacer. La Satire des Femmes en particulier, encore que rien n’y choque précisément et grossièrement la licence, est une diatribe effrénée contre le mariage et le moraliste chrétien ne saurait excuser le poète. Sans doute, Boileau y fait preuve d’un admirable talent, mais aux dépens de la justice, et il calomnie de parti pris le sexe dont il ne montre que les défauts et les vices, admettant à peine quelques rares exceptions :

Il en est jusqu’à trois que je pourrais nommer,


dit-il, alors que soit dans la famille, soit dans le cloître, on comptait par centaines, ou plutôt par milliers les