Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/345

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en effet tenu parole ; et tout le monde l’ayant généralement désapprouvé, il a querellé tout le monde, il a rougi et s’est emporté ; mais il s’en est allé satisfait de lui-même. Je n’ai point, je l’avoue, cette force d’âme ; et si des gens un peu sensés s’opiniâtraient de dessein formé à blâmer la meilleure chose que j’aie écrite, je leur résisterais d’abord avec assez de chaleur ; mais je sens bien que peu de temps après je conclurais contre moi, et me dégoûterais de mon ouvrage. »

RACINE À SON FILS.
3 octobre 1694.

« … Il me paraît par votre lettre que vous portez un peu d’envie à Mademoiselle de La Chapelle de ce qu’elle a lu plus de comédies et plus de romans que vous. Je vous dirai, avec la sincérité avec laquelle je suis obligé de vous parler que j’ai un extrême chagrin que vous fassiez tant de cas de toutes ces niaiseries (le mot est dur), qui ne doivent servir tout au plus qu’à délasser quelquefois l’esprit, mais qui ne devraient point vous tenir autant à cœur qu’elles font. Vous êtes engagé dans des études très sérieuses, qui doivent attirer votre principale attention ; et, pendant que vous y êtes engagé et que nous payons des maîtres pour vous instruire, vous devez éviter tout ce qui peut dissiper votre esprit et vous détourner de votre étude. Non seulement votre conscience et la religion vous y obligent, mais vous-même devez avoir assez de considération pour moi et assez d’égards pour vous conformer un peu à mes sentiments pendant que vous êtes dans un âge où vous devez vous laisser conduire.