Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/382

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de mon lit, je ne m’étais pas déshabillé ; j’entends monter mon escalier : je saisis mes armes et je m’apprête à faire bonne contenance. Ma pauvre femme s’élance tout en larmes vers moi et m’entoure de ses bras comme pour me protéger.

— Qu’espères-tu faire, mon ami, contre tant de monde ?

— Je défendrai bien ma vie, sois tranquille ; je ne me sens pas d’humeur à me laisser égorger comme un agneau. Du premier coup de feu, je puis me défaire des membres du comité, je n’aurai pas besoin d’en tirer un second ; tous les gardes nationaux me connaissent ; je n’ai fait que du bien à la section, personne n’osera m’arrêter.

« Tandis que je parlais, le bruit s’éloignait, on passait devant la porte de mon appartement. » C’était un voisin, un jacobin du nom de Loyse qu’on venait arrêter. Le reste de la nuit se passa tranquillement. Le lendemain, de bonne heure, Richard reçut la visite d’un autre membre du comité, appelé Marquet, qui lui dit :

« Vraiment, vous eu faites de belles ! heureusement que vous avez des amis. Quoique nous soyons tous bien convaincus au comité que vous avez les sentiments d’un honnête citoyen et d’un bon Français, sans moi, vous étiez arrêté cette nuit ; vous n’avez eu que deux voix de majorité. Il faut étouffer l’affaire au plus vite ; venez dîner aujourd’hui chez moi où se trouvera Mazie, avec lequel j’aviserai à vous réconcilier. Cet homme est assez bon diable au fond, gonflé surtout de son importance, plus vaniteux et braillard que méchant. N’y mettez