Page:Bouquet - Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 19.djvu/45

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PRÆPAtfO.

Igitur Joannesse aposloltcœ sedis clientem beneficiarium profiter if armuur spondere mille selibrarum argentearum vectigal, pro Angtia septingentarum,proUibernt i trecefh tarum. Legatus, post prœceptam hujus pe- . cuniœpartem,coronam sCèptrusnque quinque dierumspatio retinere., necanthPrincipi Britanno dimittere guàm ille se bonis indefntis donatum agnoverit ; his peractis, transire in Galliam, ibique districtim inhibere, ne quis Angliam illam lacessereavdçflt, cui Romana Ecclesia peculiari modo coeperit patrocinari. Responsum à Philippo est, fuisse arma notfiisi instigante Innocentio sumpta, vicies ceu Hui nummorum milliaprobelll apparatu expensa, classem nuperrimb instructam, navium stationem prope Gesoriacum indictam, hic exspectari copias DUbrim invehendas, jam non dari retrocedendi locum. Attamen contigit ut etiam post BovinenSem Francorum victoriam Britannus quinquennes inducias, rogantePontifice, impetraret. Ipsimel interea Angli, neglectis Innocenlii minis, Joannem regno detruserunt, Ludocicn, Philippi Augusti filio, principatum offerentes. Vetuit Pontifex ne filius palerve regnum sacrosatb lic sedi mancipatum invaderent. Pater sUfit*legam , judice Romd , exjieditionem improbare pisus rjt, qui nihilominus omnia, qgmusen capesseretur, instrumenta subministrari /. Filiuseonscendilnavem : illos excompaeto agere nimium summus Ecrlesnf preeses intellexit, et ulrique mala precatus est. Penitùs jam in possessionem Britanniœ majons Ludovicus fermé venerat, riitn Joannis interitus animosnegoliaque inalias rationes abduxit. Postposuerunt Angli Francigenam suo ipsorum rivi, Principi patria in tellure noto et adolescenti ; sicque inclinatis in dies Galloium in Britannia rebus, nullum adversos eos modum Innocentius retinuit. Inter 11 /irinrntissimas quibus in eos invehebatur r.rsei rationes, aeerbd ipse febi4 correptus est. qmr paralysin mortifer unique lethargum induxit. Obiit decimo septimo kalendas augusti. annos natus quinqvaginla-tex, gesto per octoilrrim, eum mensibus decem, diebus novum, supremo pontificatu.

Fuerat ab ilio cruce signatarum expeditionum nomen bellis omnibus Bornante ditioni profuturis affixum. Quippe diitea jrerlus quantd potestate sermonis [aUaciee pollerent, suis cogebat consiliis poltlicts inservire praestigiosam vocem quœ annis abhinc centum dermique orbem rommoeere assueverat. Crucem igitur adversbf Angliam, eum esset Joannes solio detrudendus p crucem contra dissidentes inter se Uungaros, ut ponti ficui auctoritate conquiescerent ; crucem contra iorrcgitrRegrmlanquarnimf>erioitidignum ; crucem prtrserlim adversus Atbigensem hœresim, guti tota conflagrabat Occilattip, jussenti undrquatpiesuscipi. Satis sut erque de TolosanoComite diximus, Raimundo Sexto, quem, suens ab Innocent io interdictum, tqfuxius Lateranensis bonis exuit, Simoni del’EgUae. Jean sè déclara le vassal du Mint-n^g», pris un à-compte sur ce tribut, garda pendant cinq jours la couronné et le sceptre, consentit ensuite à les offrir au’Prinoeanglais comme un bienfait tout gratuit, et passa en France pour interdire toute entreprise contre un royaume qui venoit d’étre placé sojus la protection spéciale ae l’Eglise romaine-. Philippe-Auguste répondit qu’il n’irait pris les armes qu’à la sollicitation du Pape ; que tes préparatifs de celte guerre coût oient deux millions ; qu’une flotte récemment équipée, ’et en rade auprès de Boulogne, atlendoit les troupes destinées à descendre à Douvres ; qu’il n’étoit plus temps de reculer. Cependant, même après la ba-, taille de Bouvines, Innocent obtint encore pour Jean-sans-terre une trêve de cinq ans. Ce furent les Anglais qui, dans cet intervalle, prononcèrent eux-mêmes, au mépris des anathèmes de Rome, la déchéance de leur monarque, en offrant sa couronne à Louis, fils de Philippe-Auguste. Le Pape défendit au père et au fils d envahir les étals d’un Prince feudataire du saint-siége apostolique. Le père affecta de désapprouver une conquête que Romejugeoit sacrilege, et ne laissa jias néanmoins de fournir tous les moyens de la tenter. Le fils s’embarqua ; et le Pontife, voyant trop qu’ilsétoient d’intelligence, les excommunia l’un et l’autre. Ix>uis achevoit de se mettre en possession de la Gra nde-Bretagne, quand la mort de Jean imprima d’autres directions aux. esprits et aux affaires. Les Anglais préférèrent 1111 jeune Prince né au sein de leur nation ; et, le parti des Français s’aflbiblissant. de jour en jour, Innocent ne garda plus de mesure avec eux. Ayf milieu des violens anathèmes dont il les accahldil, il fut saisi d’une fièvre qui, cd fort peu de temps, amena une paralysie et une léthargie mortelle. Il expira le 16 ou le 17 juillet t‘2l6, âgé de cinquante-six ans, ayant régné sur l’Europe durant dix-huit années,’dix mois et neuf jours.

Céloit lui qui avoit appliqué le nom île croisades à toutes les expéditions quidevoient tourner au profit de la cour de Rome. Connoissant la puissance des artifices et des illusions du langage, il faisoit servira ses principaux desseins politiques le prestige d’une expression’ qui depuis cent dix ans étoil en possession d’ébranler le monde. Il avoit donc ordonné une croisade contre l’Angleterre, quand il s’agissoit de détrôner Jean ; une croisade contre les Hongrois, lorsqu’il se conslituoit juge de leurs dissensions intestines ; une croisade contre un Roi de Norvège, qu’il déelaroil indigne tle régner ; mais surtout aine croisade contre la secte albigeoise répandue dans tout le midi de la France. Nous %vons assez parlé du Gomlede Toulouse VI, excommunié par Innocent, et déjiossédé j*ar le concile de Jjitran de 1215, au profit de Simon de Montfort. Il nous suffira