Page:Bouquet - Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 20.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

IKF.KAC.K

S’il fallait rendre sensible, par des exemples, la distinction que nous venons de proposer, nous prierions l’Académie de comparer aux livres composés dans le cours du xui’ siècle par Bernard le trésorier, par Jacques de Vitry, et par beaucoup d’auteurs arabes, sur l’étal des contrées orientales et sur les guerres dont elle<étaient le théâtre, les vies de Louis IX, écrites par ses contemporains Geoffroy de Beaulieu. le confesseur de la reine Marguerite, Guillaume de Nangis, le sire de Joinville. Nous demanderions si les livres du premier genre, bien qu’ils contiennent des articles relatifs à des rois de France ne dépassent pas beaucoup trop les limites de la monarchie française pour qu’il soit permis (le les considérer comme des tableaux de ses affaires et de se» destinées ; si, au contraire, les titres et la matière des seconds ne les attachent point étroitement à notre histoire, malgré le nombre et l’étendue des récits qui les rapprochent de ceux ou les deux croisades de 12 48 et de 1270 sont racontées. •< 1

M. Michaud reconnaît que Guillaume de Nangis fournit peu de matière à l’histoire des croisades, et il ne comprend dans son catalogue des historiens spéciaux de ces expéditions, ni ie confesseur de la reine Marguerite, ni Joinvittei Ii est pourtant vrai que les deux tiers du livre de ce dernier écrivain correspondent à la première croisade de Louis IX mais Joinville y est en effef beaucoup plus occupé des actions personnelles du monarque, de sa vie privée. de ses vertus publiques de ses mœurs religieuses que dea mouvements et des vicissitudes de la guerre allumée entre les Européens et les ( hientaux.

Encore une fois, les deux recueils se toucheront par bien des points plusieurs récits, quelquefois rédigés à peu près dans les mêmes termes, s’offriront aux lecteurs de l’un et de l’autre. C’est ce qui arrive immanquablement à l’égard des divers corps d’histoire dont les matières sont voisines ou parallèles : combien d’articles communs aux annales de la France et de l’Angleterre, de l’Italie et de l’Allemagne, des Espagnols et des Maures Le reproche de double emploi ne serait mérité que par la reproduction textuelle d’un même ouvrage ou d’un même document de quelque étendue ; et s’il doit être, comme nous le présumons, toujours possible ou même facile d’éviter cet inconvénient, les deux collections doivent demeurer constamment distinctes. Les éditeurs des historiens de France n’auront, ce semble, qu’un seul usage à faire des livres orientaux, grecs, latins, italiens et autres, spécialement réservés a l’histoire des croisades ce sera d’avertir le lecteur des différences notables que ces lu res présenteraient dans l’exposé des circonstances et des résultats de certains récits ; de poser ainsi, et, sit y a lieu, de résoudre les questions de critique historique, suscitées par les diversités ou les contradictions des témoignages or ce genre de soins entraînerait tout au plus la transcriptio r d’un petit nombre de passages, et n’exigerait ordinairement que des citatioi^ très-sommaires. Nous supposons que réciproquement on ne ferait qu’un pareil emploi des historiens de la France dans le recueil destiné à ceux des croisades.

Le plus important sujet de délibération que nous ayons a proposer I Académir, après celui dont nous venons de l’entretenir, est de déterminer l’espace de temps auquel devra correspondre la nouvelle série de monuments historiques qui va s’ouvrir dans le tome vingtième. Ne comprendra-t-elle que les deux règnes de saint Louis et de Philippe III ainsi que la précédente s’est restreinte aux deux règnes de Philippe -Auguste et de Louis VIII ? ou bien conviendra -t- il de l’étendre à ceux de Philippe-le-Bel et de ses trois fils Louis X, Philippe Vet^Cbarie» IV ?_ ||m |