Page:Bourdaret - En Corée.djvu/308

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bien que la faute de cette stupide union était celle de la marieuse, et non celle de la jeune fille. Il sut la défendre contre sa mère, prise d’une haine farouche contre cette bru si laide, qu’elle enfermait pour que personne ne la vît. Elle la faisait travailler jour et nuit, et souvent la rouait de coups. Cette vie atroce dura deux ans, et la pauvre femme eut un fils. Mais sa belle-mère, de plus en plus impitoyable, la mit, un jour, pendant l’absence de Kim, à la porte de la maison, elle et son enfant. Incapable de supporter plus longtemps son martyre, Hai-sou se donna la mort, après avoir tué son fils. Elle fit parvenir auparavant ces mots à son mari : « Je meurs, et ne vous demande qu’une chose, de m’enterrer près d’un clair ruisseau dont l’eau — en baignant mon corps — viendra rafraîchir mon esprit enfiévré. »

Kim, sans prêter attention à ce désir, enterra sa femme selon la coutume ordinaire, sur une colline. Mais, quelques nuits après, il entendit l’esprit de la morte lui reprocher de ne pas avoir exaucé sa prière. Il répondit à l’esprit que c’était chose impossible, parce que ce genre de sépulture était contraire à tous les usages.

Mais l’esprit ayant insisté et demandé que le corps fût enterré à l’endroit où se trouve le monument actuel, Kim obtint du roi l’autorisation d’y placer le corps de sa femme — quoique ce fût contraire aux usages — mais seulement parce qu’il fallait obéir à l’esprit.

La pauvre Hai-sou fut donc enterrée là, son image fut peinte sur ce bloc avec l’inscription Hai-sou (qui veut dire « eau de la mer »).

Ce monument excite la croyance populaire et sou-