Page:Bourdaret - Religion et Superstition en Corée.djvu/4

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toujours présents, et l’homme défendait sa faiblesse contre tant d’ennemis au moyen de conjurations, de prières, d’exorcismes, d’offrandes. Dans la hiérarchie qui n’avait pas tardé à être établie entre tous les esprits, l’empereur de la Chine s’était réservé de faire des offrandes au Ciel, qu’ils appelaient « Tien ».

Du ive au xive siècle, le bouddhisme régnait en Corée, où il était la religion officielle. À partir du xive siècle, il fut remplacé par le confucianisme. En même temps que la Corée adoptait alors le calendrier et, par conséquent, la façon chinoise de compter les années, elle prescrivait la doctrine de Confucius comme religion officielle, et des lois sévères condamnaient ceux qui ne se soumettraient pas à ces nouveaux rites.

Compris seulement par une élite de lettrés, ni le bouddhisme ni le confucianisme n’ont eu de prise sur le Coréen ; il se prosterne, il offre des sacrifices, mais sans comprendre. Seule, la croyance populaire aux esprits a dominé sur l’imagination de ces êtres foncièrement ignorants, naïfs et puérils, et elle en a fait un peuple extrêmement superstitieux. On peut dire que toutes les femmes et les trois quarts des hommes en Corée sacrifient à tous les esprits et démons dont ils ont peuplé la terre, les maisons, les arbres, le ciel, etc. Le reste suit la doctrine de Confucius, et peu ou pas sont restés bouddhistes. Et la conception religieuse de la plupart d’entre ceux-ci est assez peu précise pour qu’on les voie s’adresser à la fois à Confucius, à Bouddha et aux esprits. Tel Coréen suit les règles d’éducation, de morale, de vie sociale de Confucius ; mais il a recours à Bouddha pour formuler un souhait, soit qu’il désire un enfant, soit qu’il rêve la fortune. Enfin, en cas de maladie, avant d’entreprendre un voyage ou une affaire délicate, il ira sacrifier aux esprits.

Si nous examinons le culte populaire, nous nous trouvons en présence d’un mélange de chamanisme, de démonolâtrie, de fétichisme, difficile à tirer au clair, d’autant plus que les Coréens eux-mêmes confondent le tout. Depuis les temps les