Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

refuse sinon d’apercevoir ces graves périls, du moins d’en faire état ; mais qui les pourrait contester ?

Il n’est pas ici question de stipuler entre les races d’artificielles antinomies. Toutes ont droit à la vie, à la liberté, à la civilisation. Toutes en sont dignes. Toutes méritent de collaborer du même cœur au vaste effort humain. Et le nationalisme des races est misérable au même titre que le nationalisme des patries. Mais au moment où notre vieille civilisation commence de répudier les violences homicides et d’apercevoir la force vitale de la fraternité et les innombrables biens de la tendresse, nous voyons l’actif, le belliqueux, le nationaliste Japon s’emparer dans les greniers de nos arsenaux des armes qui deviennent caduques, et se précipiter à l’assaut de la civilisation avec des regards furieux, des poignards aux dents, et de terribles poudres plein les poches. Ce n’est pas ainsi que je comprends la fraternité. Et c’est un début fâcheux, pour un peuple justement hardi qui prétend accéder à la civilisation, que paraître à son seuil, orné des attributs odieux dont nous nous efforçons précisément de dé-