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Page:Bourges - Recherches sur Fontainebleau, Bourges, 1896.djvu/53

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L’HÔTEL DE MADAME ÉLISABETH

La Terreur se fait sentir à Fontainebleau ; Dassy avait repris l’exercice de sa profession, sans plus s’occuper des affaires publiques. Quoique qualifié « un bon médecin, médecin désintéressé dans ses fonctions pour le public et actif pour les hôpitaux », quoique chef de service des hôpitaux de Fontainebleau et d’Avon, il est jeté en prison le 21 septembre 1793, sur un ordre du farouche représentant Dubouchet. Le motif de cette mesure était : « Ses liaisons avec les grands, notamment avec Élisabeth et Montmorin. » Sa détention dura près de six mois ; il fut libéré avec nombre d’autres par le représentant Maure, le 5 germinal an II.

La persécution dont il fut l’objet ne put attiédir ses sentiments : il suivit d’aussi près que possible le procès de Madame Élisabeth et accompagna, pour ainsi dire jusqu’à l’échafaud, la sœur dévouée de son Roi.

Le 10 mai 1791, lorsque la fatale charrette, emmenant ses victimes au bourreau, passa rue Saint-Honoré devant l’Assomption, un homme tomba en poussant des cris déchirants. Il fallut l’emporter chez sa fille. C’était Dassy, le médecin de Fontainebleau, qui avait voulu dire un dernier adieu à la princesse qu’il suivait depuis son enfance.

La comtesse d’Armaillé dit, d’après le comte Ferrand, que Dassy est mort le soir même de saisissement. Il n’en est rien ; mais miné par tant d’épreuves, il a survécu quelques mois seulement.

Le 31 mars 1795, il a succombé dans son hôtel de Fontainebleau, et comme dernier témoignage d’estime, tous les officiers municipaux et notables, membres du conseil général de la commune, ont tenu à signer son acte de décès.

Dassy, qui avait reçu la sépulture dans le parc de son hôtel, a été exhumé le 12 octobre 1821, sur la demande du comte de Charpin, propriétaire d’alors et réinhumé dans le cimetière actuel qui avait été ouvert en 1822.

De Gervais Rochereau, il ne nous reste plus rien à dire. Réfugié à Fontainebleau aux premières heures de la Révolution, administrateur de l’hospice, il avait, malgré les soins à donner à sa nombreuse famille (16 enfants) et à des clients, apporté aussi son utile concours aux affaires municipales.

Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur aux nos de l’Abeille du 28 mai 1880 et 16 janvier 1891. Dans celui du 20 février 1891, nous avons publié une partie de sa correspondance et énuméré minutieusement les actives démarches qu’il fit avec succès à Paris, auprès de ses anciens amis, pour obtenir que la sous-préfecture, ardemment sollicitée par Nemours, fût établie à Fontainebleau. Il a droit, de ce chef, à toute la reconnaissance des habitants[1].

  1. V. infra la notice relative à la création de la sous-préfecture et du tribunal de Fontainebleau.