Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/106

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Acharnée à espérer même dans le désespoir, comme il arrive toutes les fois qu’on a dans le cœur un trop passionné désir, elle se dit que la puissance de cette femme sur son fils devait tenir beaucoup aux distractions que sa société lui procurait. L’intérieur de la rue Vaneau n’était-il pas bien monotone pour un jeune homme inoccupé ? Elle sentait maintenant qu’elle avait été bien imprudente, trouvant Hubert de santé trop délicate et d’ailleurs si désireuse de sa présence, de ne l’attacher à aucune carrière. Elle eut la naïveté de se dire qu’il fallait égayer un peu leur solitude, et, pour la première fois depuis son veuvage, elle donna de grands dîners. Les portes de l’hôtel s’ouvrirent. Les lustres s’allumèrent. La vieille argenterie aux armes des Trans orna la table, autour de laquelle se pressèrent quelques vieilles gens et quelques charmantes jeunes filles, aussi élégantes et jolies que les cousines de Trans étaient provinciales et gauches. Mais Hubert, depuis qu’il aimait Thérèse, s’était interdit, par une douce exagération de fidélité, de regarder jamais une autre femme qu’elle. Et puis, on était au mois de mai. Les journées se faisaient tièdes, longues et claires. Sa maîtresse et lui s’étaient hasardés à faire des promenades dans quelques-uns des bois qui environnent Paris : à Saint-Cloud, à Chaville,