Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/123

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Oui, le pauvre Hubert ! — Elle se rapprochait ainsi de lui, heure par heure, cette destinée dont la rumeur de la mer, entendue la nuit, lui aurait été le symbole durant sa veillée divine de Folkestone, s’il avait su la vie davantage. Elle se rapprochait, cette destinée, prenant pour instrument, tour à tour, l’indifférence malveillante de George Liauran et l’aveugle passion de Marie-Alice. Cette dernière, du moins, croyait travailler au bonheur de son enfant, sans comprendre qu’il vaut mieux, lorsqu’on aime, être trompé, même beaucoup, que de le soupçonner, même un peu. Et pourtant, quoiqu’elle eût dit dans son entretien avec son cousin, elle ne se sentit pas la force de parler elle-même à son fils. Elle était incapable de supporter le premier éclat de sa douleur. Assurément, les preuves données par George lui paraissaient impossibles à réfuter, et, d’autre part, elle considérait, dans sa conscience de mère pieuse, que son devoir absolu était d’arracher son fils au monstre qui le corrompait. Mais entendre, écouter le cri de révolte qui suivrait cette révélation, comment l’eût-elle pu ? Elle espérait cependant qu’il reviendrait à elle dans les minutes de son désespoir… Elle lui ouvrirait ses bras, et tout ce cauchemar de malentendus se fondrait en une effusion, — comme autrefois. Involontairement