Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/138

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en hâte, pour s’acquitter de sa douce corvée d’amour comme d’une tâche précipitamment accomplie. Hubert avait été peiné de ce petit changement momentané, puis il s’était reproché comme une ingratitude cette tendre susceptibilité de cœur. Oui, mais n’était-ce pas aussitôt après cette courte période des lettres négligées que Thérèse avait quitté Trouville, sous le prétexte que l’air de la mer ne lui valait rien ? Ce départ avait été décidé en vingt-quatre heures. Hubert ressentait encore le mouvement de joie étonnée que lui avait procuré ce retour subit. Il ne s’attendait pas à voir Mme de Sauve rentrer à Paris avant le mois d’octobre, et il la retrouvait dans la première semaine de septembre. Cette joie d’alors se transformait rétrospectivement en une vague inquiétude. Est-ce qu’il n’y avait aucun rapport entre le trouble évident des lettres écrites avant ce départ, ce départ même et l’abominable action dont Thérèse avait été accusée ? Mais c’était une infamie à lui que d’admettre, même en imagination, des idées pareilles. Il rejeta sa tête en arrière, ferma ses yeux, plissa son front, et, réunissant toute son énergie d’âme, il put encore une fois chasser le soupçon, il était maintenant dans la plus haute partie de l’avenue. Il se sentit tellement las qu’il fit une