Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/164

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attaché à la légation de Tanger avant d’aller à Londres, son appartement était tout garni d’étoffes d’Orient, et ce grand divan, drapé de tapis, placé juste en face de la porte d’un petit jardin, était particulièrement chéri d’Hubert et de Thérèse. Ils avaient tant causé parmi ces coussins où reposaient leurs têtes unies, dans ces minutes de l’intimité qui suivent les ivresses de l’amour, — intimité que lui, du moins, préférait à ces ivresses. Il avait beau aimer Thérèse jusqu’à tout lui sacrifier, il n’en était pas moins demeuré catholique au fond de sa conscience, et un obscur remords mêlait sa secrète amertume à la douceur que lui versaient les baisers. Il pensait à sa propre faute et surtout au péché qu’il faisait commettre à Thérèse. Dans la naïveté de son cœur, il s’imaginait l’avoir séduite ! Elle s’affaissa plutôt qu’elle ne s’assit sur ce profond divan, et il commença de lui ôter sa voilette, son chapeau et son manteau. Elle le laissait faire en lui souriant avec un attendrissement infini. Au sortir de ses heures de tourmentante insomnie, c’était pour elle quelque chose d’amer tout à la fois et de pénétrant que l’impression de la câlinerie du jeune homme. Elle le trouvait si affectueux, si délicatement intime, si pareil à lui-même, qu’elle songea que, sans doute, elle s’était trompée sur le sens du