Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/193

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jusqu’au moment où il verrait sortir un homme qui lui parût être celui qu’il cherchait ; il questionnerait alors le concierge, sous un prétexte quelconque, et il serait sans doute renseigné. C’était un moyen d’une simplicité primitive, dans lequel tous ceux dont la jeunesse a nourri un culte passionné pour quelque écrivain célèbre retrouveront la naïveté des ruses employées afin de voir leur grand homme. Si ce plan échouait, Hubert se réservait de s’adresser à une des personnes qu’il connaissait parmi les membres du cercle ; mais sa répugnance était grande à une telle démarche… Il était donc là, par un matin froid de décembre, dès neuf heures. Le temps était sec et clair, le ciel d’un bleu pâle, et ce quartier à demi élégant, à demi exotique, traversé par son peuple de fournisseurs et de palefreniers. De la maison qu’il examinait, Hubert vit sortir successivement des domestiques, une vieille dame, un petit garçon suivi d’un abbé, puis enfin, sur les onze heures et demie, un homme encore jeune, de taille moyenne, élégant de tournure, mince et robuste dans son pardessus doublé de loutre. Cet homme achevait de boutonner son collet en se dirigeant droit du côté d’Hubert. Ce dernier s’avança aussi et frôla l’inconnu. Il vit un profil un peu lourd, des moustaches de la couleur de l’or bruni et,