Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/78

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visage, et de s’appuyer, comme un enfant, sur son cœur. Elle avait avec lui cet abandon de l’âme, si entier, si confiant, si indulgent, le seul signe du véritable amour que la plus habile coquetterie ne puisse imiter. Et par contraste à cette tendresse, pour en mieux aviver encore la douceur, à chacune des scènes de cette idylle avait correspondu quelque douloureuse explication du jeune homme avec sa mère, ou quelque cruelle angoisse à retrouver Mme de Sauve, le soir, auprès de son mari. Ce dernier ne faisait réellement aucune attention à Hubert, mais le fils de Mme Liauran n’était pas encore habitué aux déshonorants mensonges des cordiales poignées de main offertes à l’homme que l’on trompe… Qu’importaient ces misères cependant, puisqu’ils allaient, lui la retrouver, elle l’attendre, dans la petite ville anglaise où ils passeraient ensemble deux jours ? Était-ce d’Hubert, était-ce de Thérèse que venait cette idée ? Le jeune homme n’aurait pas su le dire. André de Sauve se trouvait en Algérie pour une enquête parlementaire. Thérèse avait une amie de couvent, et qui habitait la province, assez sûre pour qu’elle pût se donner comme étant allée chez elle. Elle prétendait, d’autre part, que la position sur le chemin de Paris à Londres fait de Folkestone, en hiver, le plus sûr abri, parce que les