Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/143

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la vanité d’afficher une comédienne à la mode. Il ne s’agit pas là d’une de ces liaisons qui marquent dans la vie, et qui peuvent inquiéter les parents d’une jeune fille… » — « C’est égal, » fit Hector, « j’avais rêvé, je te l’avoue, pour celui auquel nous donnerons notre charmante Reine, d’autres souvenirs de jeunesse que des soupers avec la petite Percy… Et puis, il n’y a pas que la petite Percy, il y a la mère. Tu as mis des années, voyons, rappelle-toi, avant de recevoir Mme Faucherot ? Tu la vois maintenant par bonté, parce que c’est une brave femme, j’en conviens, et que toi tu en es une excellente… Mais si elle devient la belle-mère de Reine, ce sont des rapports de famille que tu devras avoir avec elle, toi qui as été élevée comme une grande dame. » (Il croyait cela, le chroniqueur parisien !) « Et elle ?… Qu’elle ait débuté comme vendeuse dans la maison Faucherot avant d’être promue au rang de patronne, je ne le lui reproche pas… Il y a des vendeuses qui sont des dames… Mais elle ?… J’ai bien le droit de dire qu’elle a gardé un fort parfum de boutique, et les millions de feu le père Faucherot n’y peuvent rien. Elle a pu faire enlever les grandes lettres d’or que je voyais resplendir, sur le devant de leur balcon, rue de la Banque, lorsque je passais par là en allant au journal, autrefois : Hardy, Faucherot successeur, Soie et Velours. Ces lettres, elle les porte partout avec elle, imprimées sur tout son être… Elle reste, ce qu’elle était derrière son comptoir, petite bourgeoise et commune