Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/183

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disaient, elles, non plus la passion du luxe, mais la piété familiale, mais le goût des amitiés humbles. Ces portraits n’étaient pas ceux des amies élégantes et riches que lui imposait sa mère, c’était ceux de ses grands-parents de Chevagnes, qu’elle n’avait jamais connus ; celui de son père à ses débuts ; celui de cette mère elle-même avant l’époque des triomphes mondains, et dans une robe encore toute simple ; c’étaient, sur une seule carte, les photographies des cousins Huguenin, le père et la mère de Charles, à la porte de leur mas, — et Charles lui-même apparaissant dans un coin de groupe. Il y avait aussi, dans ce musée des affections de Reine, un portrait de la peu aristocratique Fanny Perrin, — et, en revanche, pas un objet de cotillon, pas un de ces rappels de fête, coutumiers à son âge. Dans l’angle de la fenêtre, un vieux petit bureau auvergnat en noyer ancien, que Mme Le Prieux avait conservé à titre de bibelot, avec la chaise afférente, avait jadis appartenu à l’écrivain enfant. Sur les deux rangées qui dominaient sa tablette se voyaient les quelques livres préférés par Reine : les trois volumes de son père, naturellement, et, à côté, présents de ce père qui s’était complu à cultiver chez sa fille des coins d’une sensibilité analogue à la sienne : les tragédies de Racine parmi les classiques, et, parmi les modernes, la Marie de Brizeux, les Stances et Poèmes et les Epreuves de Sully-Prudhomme, les Dernières Paroles d’Antony Deschamps. ’Quelques ouvrages de piété complétaient le rayon d’en haut, et au-dessous se voyaient