Page:Bourget - L’Écuyere, 1921.djvu/181

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armée d’un éperon, apparues sous sa jupe relevée d’amazone, — enfin, ce charme de Diane, célébré par les vers antiques que Jules se fût récités avec enthousiasme, — s’il les avait sus ! — « La sœur d’Apollon se tenait là, la cavalière des montagnes, la vierge — Diane. Elle n’avait ni son arc qui frappe au loin, ni le carquois, — sur l’épaule, avec ses flèches ; mais, jusqu’à son genou, — elle avait, pour courir, relevé sa tunique virginale, — et pas une bandelette, pas un bijou ne se voyait dans ses cheveux…[1] » Il avait, de même, oublié les ennuyeuses et inévitables complications qui se produiraient d’un autre côté, celui de la famille de Hilda. Elle ne lui avait pas caché, cependant, qu’il lui faudrait être très prudente et n’annoncer leurs fiançailles à son père qu’avec précaution, — ce qui prouvait que le maquignon anglais aurait, lui aussi, de graves objections contre cet excentrique mariage. Il y avait, en outre, le cousin, dont Hilda venait de rappeler le difficultueux caractère. Ces deux personnages, auxquels Maligny n’avait jamais pensé autrement que pour en sourire, allaient devenir partie intégrante de sa vie de prétendu d’abord, puis d’époux. — Ils étaient si totalement absents de son esprit qu’il fut littéralement stupéfié de reconnaître, à ce coin de la rue de Babylone et de la rue de Monsieur, John Corbin lui-même, qui l’attendait. L’écuyer était descendu de la jument baie, à laquelle il avait donné le galop réclamé, et au delà, car elle était ruisselante d’écume. Lui, toujours professionnel dans les pires crises de passion, la promenait en main pour la faire sécher, sur la moitié de la chaussée réchauffée par le soleil. Une autre figure, familière au jeune comte, se tenait sur le seuil de l’hôtel, comme pour lui remémorer à

  1. Description de statues par Christodore (491-518 de notre ère).