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VI

LE DÉNOUEMENT


Heureusement pour le bon renom de l’infortunée Hilda, — et, ajoutons-le, pour celui même de son insulteuse, — le moment de la chasse était trop critique. L’intérêt du parti à prendre absorbait l’attention des divers membres de l’équipage de Montarieu, réunis en conciliabule autour de La Tour-Enguerrand. La violente algarade de l’ancien mannequin ne fut donc remarquée par aucun d’eux. Il y avait, dans les voitures, une vingtaine de personnes, des Parisiennes pour la plupart, et des Parisiens, qui n’eussent pas manqué, si l’écho des paroles prononcées par la femme exaspérée leur fût arrivé, d’en aggraver encore le caractère, déjà si grave. Le jour même, et de par leurs soins, eût circulé, à travers les salons et les cercles, le « potin » le plus meurtrier. Ces personnes étaient toutes occupées à causer avec les cavaliers, en train de piaffer auprès des victorias et des landaus. On pense bien, pourtant, qu’à deux au moins des spectateurs et des spectatrices, cette petite scène n’avait pas échappé. L’un était John Corbin, l’autre était Louise d’Albiac. Le fidèle cousin se trouvait tout à côté de la veuve quand l’atroce injure avait été prononcée. Il en était demeuré comme paralysé d’horreur, sans qu’un mot, sans qu’un geste trahît son impression. Il sentait trop bien qu’une dispute, à cette seconde, avec