Page:Bourget - Le Disciple.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
LE DISCIPLE

de la sentence !… Ce n’est que juste… Il a tué. Il doit mourir… »

Entre cinq et six heures !… Quand le comte André se trouva seul, il recommença de se promener de long en large, — comme la veille, — tandis que Pourat desservait la table avec le valet de chambre de M. de Jussat. Ces deux hommes ont raconté que jamais leur maître ne leur avait paru plus violemment inquiet que pendant les quelque trente minutes qu’ils étaient demeurés à faire ce service. Leur stupeur fut grande lorsqu’il demanda qu’on lui préparât ses vêtements d’uniforme. En un quart d’heure il fut prêt, et il quittait l’hôtel, lui qui avait refusé de sortir depuis les trois jours qu’il était arrivé à Riom. Un détail fit frémir le brave Pourat. Il constata que l’officier avait pris avec lui son revolver, posé depuis deux jours sur la table de nuit. Le soldat se rappela ses propres discours, et il communiqua ses craintes à son compagnon.

— « Si ce Greslou est acquitté, » dit-il, « le capitaine est homme à lui brûler la cervelle, là, sur place… »

— « Nous devrions le suivre peut-être ?… » répondit le valet de chambre.

Tandis que les deux domestiques délibéraient, le comte suivait la grande rue qui conduit au Palais de Justice. Il la connaissait, pour être venu souvent à Riom dans son enfance. Cette