Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/149

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toujours… Elle aurait été la première à vous rassurer, j’en suis certaine… »

– « Lui parler ?… À elle ? » interrompit Liébaut. Jamais, jamais !… Je n’en aurais pas eu la force. Vous ne me connaissez pas, Agathe, je vous le répète. Vous ne savez pas combien j’ai de peine à montrer ce que je suis. Non. Je n’en ai pas eu la force… J’ai voulu sortir de cet enfer pourtant. J’ai compris que par vous j’en finirais avec cet horrible doute, par vous seule. Je vous l’ai dit : je vous avais observée, vous aussi. Je savais que vous aussi vous vous étiez laissé prendre à la séduction de cet homme. C’est même comme cela que j’explique toute l’histoire morale de ma pauvre Madeleine, quand je suis de sang-froid. Elle a voulu sincèrement vous marier à Brissonnet, et puis une passion l’a envahie qu’elle se reproche avec d’autant plus de remords. Elle ne se la pardonne, ni à cause de moi, ni à cause de vous… J’ai pensé : s’il en est ainsi, – et il en est ainsi, – il faut qu’Agathe sache cela. Je le lui apprendrai, si elle l’ignore, et voilà ce que je suis venu vous dire. De deux choses l’une : ou M. Brissonnet vous aime… Alors, passez pardessus toutes les convenances, tous les préjugés du monde. Rien ne s’oppose à votre mariage. Épousez-le, mais que ce mariage soit décidé, que Madeleine en soit avertie, qu’il se fasse vite, le plus vite qu’il sera possible. Une