Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/151

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– « Mais vous ne pouvez pas l’avoir avec lui, cet entretien, » interrompit Agathe plus vivement encore. « Il vous est interdit, et pour Madeleine, et pour moi, » ajouta-t-elle. « Je vous en conjure, François, ne voyez pas M. Brissonnet… Que, voulez-vous ? Que cette situation prenne fin. Elle va prendre fin… Je ne savais rien de ce que vous venez de m’apprendre. Mais, moi aussi, je souffrais de cette incertitude, de cette équivoque. Je ne pouvais pas plus parler à M. Brissonnet que vous ne pouvez lui parler, moins encore. J’ai demandé à Madeleine, aujourd’hui même, de lui dire précisément ce que vous vouliez lui faire dire, que ses assiduités étaient remarquées Je n’étais pas avertie. Si je l’avais été, ce n’est pas à ma sœur que je me serais adressée. Mais c’est fait, et la conclusion forcée de cet entretien est celle que vous désirez. Si M. Brissonnet m’aime, il déclarera à Madeleine qu’il veut m’épouser. S’il ne m’aime pas, il ne pourra plus, après cette explication, venir chez moi. Ne pouvant plus venir chez moi, il ne pourra plus venir chez vous. Il disparaîtra de notre milieu. »

– « Et Madeleine a accepté de le voir et de lui poser cette espèce d’ultimatum ?… » interrogea Liébaut.

– « Elle a accepté… » répondit Agathe.

Un silence tomba entre le beau-frère et la belle-sœur.