Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/32

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membres graciles, sa visible nervosité disaient que cette tête aux cheveux blonds était toujours menacée. Elle avait eu l’année précédente une crise de rhumatisme suivie d’un léger commencement de chorée qu’un premier séjour à Ragatz avait guéri. Cette seconde cure devait empêcher le retour des redoutables accidents. C’était encore un des reproches d’Agathe à Madeleine que l’optimisme de celle-ci sur l’avenir de cette bien chétive santé. La sœur aînée ne voulait pas voir dans l’arrière-fond des prunelles de la mère l’angoisse passionnée qui, par instants, les assombrissait pour céder la place aussitôt à la volonté non moins passionnée de faire vivre cette délicate enfant. Et puis, Madeleine était de ces cœurs courageux qui acceptent de souffrir dans ce qu’ils aiment et qui préfèrent ce risque de martyre à la sécheresse de l’indifférence. Cette générosité native et réfléchie la soutenait dans l’épreuve continue que lui représentait sa fragile et pâle fillette. Elle se raisonnait sans cesse pour se démontrer que son instinct était une sagesse, prolongeant, comme toutes les rêveuses, ses conversations avec ceux qu’elle aimait en d’interminables discours intérieurs. Celui qu’elle se tenait une heure et demie après cet adieu de la gare, tandis qu’elle s’acheminait seule vers l’hôtel où elle prenait ses repas, peut être donné comme un type de ces allées et venues