Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/43

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présentation sera bien amusante ; Madeleine se disait : « Décidément, non. Après que ce monsieur nous a regardées à la gare, comme il nous a regardées, c’est mieux tout de même de ne pas permettre qu’il me soit présenté. (Elle oubliait qu’elle avait protesté contre le nous.) Ce dîner, à l’hôtel, ce soir, est très suspect. Comment n’y ai-je pas vu une nouvelle preuve d’indiscrétion ? Il m’a suivie de loin en sortant de la gare, il a su où j’habitais, et mon nom. Et puis que je mange ici. L’hôtel est un restaurant en même temps qu’un hôtel Il y est venu. Pourquoi ? Pour essayer de me revoir ?…Me revoir ? Mais c’était ma sœur qu’il regardait… Hé bien ! Agathe est partie. Il le sait. Il n’y a qu’une personne qui puisse lui apprendre quelque chose sur elle… C’est moi… » Et de nouveau hésitante : « Je bats la campagne. Quelle folie ! Ce sont des idées de roman…Ce qui n’est pas une idée de roman, c’est que ce monsieur n’a pas été très bien élevé. À la gare, j’ai dit le contraire à ma sœur. Mais il faut l’avouer, elle avait raison. De deux choses l’une : ou bien il s’est trouvé à l’hôtel volontairement et c’est tout à fait mal. Dans ce cas, je dois l’éviter. Ou bien il n’y a là qu’une coïncidence, et pourquoi ne pas l’éviter encore ? On fait toujours trop de nouvelles connaissances… » La charmante femme eût été très étonnée si quelque ami perspicace ou quelque amie