Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/194

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pareille, lui qui la savait si mesurée, si avisée, si adroite. Mais si René allait la mépriser de s’abandonner trop vite ? Elle eut un hochement de sa jolie tête quand elle se formula cette objection. C’était, cela, une affaire de tact, une finesse de femme à déployer, et, sur ce terrain, elle était sûre d’elle !

La joie d’avoir ébauché ce projet dans sa pensée, et aussi la joie de tromper le subtil Desforges, se mélangeaient en elle si étrangement, qu’elle vit approcher, non seulement sans regrets, mais avec un plaisir malicieux, l’heure de son rendez-vous. Elle renvoya sa voiture, comme elle faisait toujours, sous prétexte de marcher, et elle s’engagea sous les arcades de la rue de Rivoli. La maison dans laquelle le baron avait loué l’appartement de leurs rencontres offrait cette particularité d’une double entrée, assez rare à Paris pour que ces bâtisses-là soient comptées et cotées dans le monde des adultères élégants. Frédéric était trop au fait des plus intimes dessous de la vie parisienne pour ne pas avoir évité avec le plus grand soin les endroits déjà connus. Celui qu’il avait découvert, un peu par hasard, avait dû échapper aux investigations des chercheurs de ce genre d’asile, par le caractère solennel et triste qu’offrait la façade de la maison sur la rue du Mont-Thabor. Il y avait meublé un