Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/315

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n’eut pas longtemps à chercher le motif de cette visite en commun. Il s’agissait de rendre son frère jaloux, naïve manœuvre que la vieille dame découvrit tout de suite en disant :

— « M. Offarel se trouvait occupé ce soir, et M. Passart a bien voulu nous servir de cavalier… Allons, Rosalie, donne une place à M. Jacques auprès de toi… »

La pauvre Rosalie ne s’était plus retrouvée en face de René, depuis la cruelle explication qu’elle avait eue avec Émilie. Elle était bien émue, bien tremblante, et le cœur lui avait fait bien mal durant le trajet entre la rue de Bagneux et la rue Coëtlogon ; court trajet, mais qui lui avait paru interminable. Elle eut cependant la force de couler un regard du côté de son ancien fiancé, comme pour lui attester qu’elle n’était pas responsable des mesquins calculs de sa mère, et la force aussi de répondre froidement en s’asseyant dans un angle, et mettant un autre siège devant elle :

— « J’ai besoin de cette chaise pour y poser mes laines… M. Passart ne voudra pas m’en priver… » :

— « Mais voilà une place libre, » interrompit Émilie qui fit asseoir le jeune homme auprès d’elle et vint ainsi au secours de la courageuse