Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/464

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plusieurs mots avaient été à demi effacés par les larmes.

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Je suis revenue ici, mon aimé ! C’est dans notre asile et au nom des souvenirs qui doivent s’y trouver, pour toi comme pour moi, que je te supplie encore une fois de me revoir. Dis, ne songeras-tu pas à moi, dans ce cher asile, sans ces horribles passages de haine que j’ai vus dans tes yeux ? Souviens-toi de la tendresse que je t’ai montrée ici, là où tu es en lisant ces lignes. Non ! je ne peux pas vivre si tu doutes de ce qui est la seule vérité, la seule de ma vie. Je te le répète, je ne suis ni indignée, ni froissée, je suis désespérée ; et si tu ne le sens pas, c’est que je ne peux plus rien te faire sentir, parce qu’à cette minute il n’y a dans mon âme que mon amour et ma douleur. Adieu, mon aimé ! … Que de fois je t’ai dit ces mots sur le pas de cette porte ! Et puis j’ajoutais : Au revoir… Et, maintenant, il faudrait que ce fût adieu vraiment, sur mes lèvres et dans mon cœur. Mais se peut-il que ce soit à jamais et ainsi ? …

      • * *

— « Adieu, mon aimé ! » se répéta le jeune homme. Il eut beau se raidir là contre : ces