Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/17

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monte-t-il à cheval, quoiqu’il ait commencé tard, fort convenablement. Il mène bien. Il est devenu ce que les chasseurs appellent un bon second fusil. Un des traits de cette nature est un amour-propre toujours éveillé, qui n’entreprend rien sans le réussir, et qui s’est interdit toute prétention non justifiée. Dans cet avatar, si souvent maladroit, d’un financier en train de jouer au gentilhomme, Nortier peut avoir mérité bien des reproches : celui du plus féroce égoïsme envers ses parents pauvres ou ses camarades ruinés, celui de la plus immorale absence de scrupules dans le choix de ses moyens de fortune, celui de l’utilitarisme le plus brutal en matière de relations. Il n’a jamais été ridicule.

Cet « homme fort » - dans la plénitude du sens que donnaient à ce terme, aujourd’hui démodé, les comédies de mœurs de 1855 - a pourtant dans sa vie intime un point de faiblesse, soyons plus exact, d’inexplicable illogisme. Tous ceux qui, l’ayant connu, soit comme rivaux d’affaires, soit comme compagnons de plaisir, ont pu apprécier la sûreté de son coup d’