Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/22

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un été lombard dans quelque haute salle décorée à fresques par un Moretto ou un Lorenzo Lotto. Dans sa petite enfance, elle déployait, dans ses moindres façons, cette espèce de grâce languissante, si nationale, que l’on a dû créer pour elle, au delà des Alpes, un mot intraduisible. Retz en a donné un bon joli commentaire quand il a parlé d’une femme qui se regarde dans le miroir de la ruelle, " et elle montra tout ce que la morbidezza des Italiens a de plus tendre, de plus animé et de plus touchant !…" Ces faits étant donnés, et cent autres pareils, à quels motifs attribuer l’attitude de Nortier, qui a toléré les assiduités de San Giobbe, sans que jamais une parole, un silence, un geste, ait trahi ce qu’il en pensait, — qui n’a jamais marqué une différence de traitement aux deux jeunes filles, — qui continue à gagner des millions après des millions, avec la certitude qu’en vertu du fameux axiome : Is pater est quem nuptiœ… toute une part de cette énorme fortune servira à payer le luxe et le bonheur de l’enfant d’un autre ? On comprendra que la curiosité du cercle d’oisifs où le financier maintient son rang avec une telle suite dans la ligne de