Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/249

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je ? Parlons : la vérité l'ordonne.
Loin d'aucun attentat contre votre couronne ;
Loin d'une avidité à verser votre sang [720]
Pour s'ouvrir une voie à votre auguste rang ;
Je trouvais dans l'opprobre une reine incapable.
De former un d?sir qui put être coupable.
Je trouvai la vertu que l'on tyrannisait
Sans se plaindre un moment des maux qu'on lui faisait. [725]
Je vis la cruauté, le mensonge, la haine
Poursuivre le trépas de l'innocente reine,
Qui préférant la gloire à de fragiles biens,
Pour conserver vos jours eut donné tous les siens.
Enfin, je fus surprise dans cette conjoncture [730]
De voir tant d'injustice, et si pue de murmure ;
Et mon coeur de retour de sa prévention,
Ne put se refuser à la compassion.
Je ne présumais pas qu'une princesse illustre
M'eut confier son nom pour en tenir le lustre, [735]
Et par quelle raison l'aurais-je présumer ?
À flatter l'injustice étais-je accoutumé ?
J'ai tâché, les effets ont dû vous en instruire,
D'augmenter votre gloire, et non de la détruire.
Mon corps percé de coups vous est un sûr garant [740]