Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/254

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Je n'ai pas attendu que ma mort fut si proche,
Pour m'avouer ingrate et m'en faire un reproche ;
Mais né votre sujet, nourri dans votre cour,
Mon respect, malgré moi, m'interdisait l'amour. [825]
Tandis que de mon sang j'ai pu payer vos grâces,
Partout où l'on m'a vu j'en ai laissé des traces :
Et ma reconnaissance écrite en tant de lieux,
Assure à ma mémoire un destin glorieux.
Si mon coeur qu'avec soin vous cherchez à confondre, [830]
À vos tenders bontés n'a pu si bien répondre ;
Si par d'autres attraits il s'est laissé toucher,
C'est tout ce qu'à ma foi vous pouvez reprocher.

ELISABETH.

C'est tout ce qu'à ta foi je puis reprocher, traître !
Vois cette lettre, vois. Peux-tu la méconnaître. [835]

Elle lit.

Sauvez le sang de tant de rois
Que s'apprête à répandre une main odieuse :
Pour s'immortaliser on ne peut faire un choix
D'une action plus glorieuse.
Résolus de prêter la main [840]
À