Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/259

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condamné de votre propre bouche : [915]
Et j'ai peur qu'avec moi vous ne fussiez d'accord,
Que l'on me rend justice en me donnant le mort.
Tant que votre bonté présume qu'on m'opprime,
Je me flatte en mourant d'emporter votre estime ;
Et si j'avais parlé, vos mépris éclatants, [920]
Joindraient trop d'amertume au trépas que j'attends.

MARIE STUARD.
.

Moi, des mépris ! Ah ! Duc, qu'un tel soupçon m'offense !
Je puis manquer de tout, hors de reconnaissance.
C'est moi qui vous expose aux mouvements jaloux?

LE DUC DE NORFOLK.

Et qu'est de plus beau que de mourir pour vous, [925]
Madame ? À quel affront qu'Elisabeth me livre,
Pour un plus grand sujet puis-je cesser de vivre ?
Des peuples à venir votre nom respecté
Va mettre pour jamais le mien en sûreté.
Heureux si le destin qu'il faut que je subisse, [930]
Quand mes tristes jours je fais un sacrifice,
Me peut faire expier pour un trépas si doux,
Le crime que j'ai fait de soupirer pour vous !
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