Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s-même,
Vous n'avez plus à craindre aucun trouble intestine ;
Tout cède à l'ascendant de votre heureux destin. [1555]
Faites que la pitié succède à votre haine :
Des larmes d'une reine honorés une reine :
L'adorable Stuard vient de finir son sort ;
Et vous allez frémir au récit de sa mort.
Au funeste appareil de son cruel supplice [1560]
Elle arrête le ciel qu'on lui fait injustice :
Que pendant sa prison, quoiqu'elle ait enduré,
Jamais contre vos jours elle n'a conspiré ;
Et que du fond des coeurs ayant seul connaissance
Dieu, qu'on ne trompe point, savait son innocence. [1565]
Là, de tendres soupirs s'étant joints à sa voix,
Seigneur, écoutez-moi pour la dernière fois,
Dit-elle. Je suis mère, et mon coeur qui soupire
Croit que pour vous toucher ce nom seul doit suffire.
Un fils que de mes pleurs j'ai souvent arrosé, [1570]
Au plus grand des malheurs est peut-être exposé :
Ce sang de tant de rois le déplorable reste,
Est peut-être élevé dans un culte funeste.