Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/408

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De tant de Courtisans, qui toujours sur mes traces
N’accompagnent mes pas que pour avoir des graces,
Je ne puis distinguer au rang où je me voi
Ceux qui m’aiment pour eux ou qui m’aiment pour moi.
Je voudrois quelquefois, pour sçavoir si l’on m’aime,
Pendant un mois ou deux me voir sans Diadême :
Et dans mon premier rang être ensuite remis
Pour ne me plus méprendre au choix de mes amis.
Que sçai-je qui me flatte ou qui me rend justice ?
Je ne dis pas un mot, que chacun n’applaudisse :
Et si l’on prevoyoit ce que je dois penser,
On m’applaudiroit même avant de m’énoncer.
Je confonds le faux zéle avec le véritable.

ESOPE.

Permettez-moi, Seigneur, de vous dire une Fable.
Jamais la vérité n’entre mieux chez les Rois
Que lorsque de la Fable elle emprunte la voix.