Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/455

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À ce qu’elle vouloit, on n’osoit dire non.
Elle lui demanda s’il auroit agréable
Qu’elle s’assît sur un coin de sa table :
« Oui, dit-il, ce plaisir me semblera bien doux. »
« Trouverez-vous bon, lui dit-elle,
» Que, donnant l’essor à mon zéle,
» Je saute quelquefois sur vous ? »
Pour laisser un champ libre à ses badineries,
Il consentit sans peine à ce manége-là.
Je ne vous dirai point combien de singeries
Elle fit après cela.
Je dirai seulement que flatée, applaudie,
Qu’elle eût tort, ou qu’elle eût raison,
La Guenon, un peu trop hardie,
Oublia qu’elle était Guenon.
Loin d’avoir pour son maître une sincere attache,
Devenue orgueilleuse à le voir complaisant,
Un matin en le baisant,
Elle arracha la moustache
D’un Maître si bienfaisant.
« Ah ! Perfide, dit-il, qui t’oses méconnoître ;
» J’ai pour ton insolence un châtiment tout prêt :