Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/506

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CLEON.

Hé quel est, s’il vous plaît, cet habile homme ? Moi !

ESOPE.

Vous ?

CLEON.

Vous ? Oui. Je vous surprens de ce que je me nomme ;
Hé ! qui sçait mieux que moi que je suis habile homme ?
La modestie est belle enchassée à propos ;
Mais hors de son endroit, c’est la vertu des sots.
Fiez-vous-en à moi ; je sçai un peu la Carte ;
Quand on a mes talens rarement on s’écarte.
Me proposer au Roy ce sera le ravir.

ESOPE.

Du meilleur de mon cœur je voudrois vous servir.
Vous ne pouvez jamais me causer plus de joie
Que de m’en procurer une équitable voie.
Mais quel tort, dites-moi, m’a fait cet Officier,
Pour obliger Crésus à le disgracier ?
Parlez-moi d’élever & non pas de détruire.
Je n’ai point de pouvoir quand il s’agit de nuire.
Ne me demandez point ce qui n’est pas permis.

CLEON.

Il est permis, parbleu, d’obliger ses Amis.