Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/544

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Si contre mon devoir c’est tout ce qu’on oppose,
Combien de gens, Seigneur, s’ils faisoient même chose,
Sçachant ce qu’ils étoient, & voyant ce qu’ils sont,
Auroient à votre Cour moins d’orgueil qu’ils n’en ont.

CRESUS à Tirrene.

Hé bien ! mes vrais amis, que ce succès désole,
Vous ne me pressez plus de vous tenir parole !
Je vous pardonnerois un effort plus puissant
Pour me faire trouver un coupable innocent :
Mais de vous pardonner je me sens incapable,
Lorsque d’un innocent vous faites un coupable.
Pour agir sans aigreur je suis trop irrité.
Esope plus tranquille aura plus d’équité.
Sûr qu’il est toujours juste en tout ce qu’il ordonne,
A son ressentiment le mien vous abandonne.
Il ne peut, quoi qu’il fasse, après vos duretez,
Vous causer tant de maux que vous en méritez.
Aux gardes.